mercredi 30 décembre 2009

Les Dix Films de la Décennie 2000-2009

Vous pouvez ici déposer en commentaire vos dix films favoris réalisés entre 2000 et 2009 ainsi qu'une "mention spéciale" (facultative), décernée à un film, et plus encore à un cinéaste, qui s'est engagé dans une voie qu'il doit poursuivre pour développer toute l'étendue de son talent.

Vous avez jusqu'au Vendredi 31 Décembre 2010 inclus pour déposer votre liste, uniquement sur cet article.

Les commentaires ne seront pas publiés. Le vote reste donc secret.

Le film qui sera considéré comme étant le meilleur de la décennie fera l'objet d'un article peu après la fin du vote.

samedi 12 décembre 2009

Vengeance de Johnnie To

Il est inutile de tergiverser: Vengeance est dans l'ensemble raté. Certains parlent d'un"nanar", d'autres d'un "éclat de rire"... Le film est reparti bredouille à Cannes: il suffit juste de rappeler qu'il était en compétition avec Les Herbes Folles, Un Prophète (qui vient d'obtenir le Prix Louis-Delluc), Inglourious Basterds et un film de Bellocchio, Gaspar Noé, Lars von Trier, Pedro Almodovar, Elia Suleiman, Jane Campion ou Michael Haneke entre autres. Tous sont reconnus (à tort ou à raison), et Johnnie To semble oublié. Lui qui est capable du meilleur (le diptyque Election) comme du pire (Breaking News) réalise cette année un film au scénario simpliste, avec un pari pourtant très audacieux: filmer Johnny Hallyday. Cet homme, que l'on adore ou déteste, sait être juste lorsqu'il est justement dirigé. Rappelons-nous de Détective en 1985... Ici, le mélange du français et de l'anglais est paradoxalement un handicap pour l'acteur, qui semble plus juste lorsqu'il s'exprime dans la langue de Shakespeare... C'est à n'y rien comprendre. Le pire est atteint quand le spectateur s'aperçoit du fétichisme de To pour Melville, lui-même fétichiste de Hollywood, de ses impers, ses stetsons, ses lunettes noires et ses revolvers. Le recyclage est ridicule, pour ne pas dire abject.
Il fallait rédiger cette critique rapide et facile avant de s'attacher à autre chose. Car oui, Vengeance reste un film captivant et obsédant. On peut avoir l'impression de voir un film réellement inachevé, avec des séquences qui promettent d'être sublimes, mais où le Beau ne naît jamais. De ce brouillon maudit émerge une séquence absolument parfaite, d'une maîtrise, d'une complexité et d'une fluidité rarement égalées: les trois tueurs viennent avec Costello sur les lieux du massacre, afin d'imaginer ce qui a bien pu se passer. La séquence mélange des instants du présent et des moments du passé. Le montage étourdissant fait s'enchevêtrer les antagonistes, les "méchants" et les "gentils", et au fond, les anciens et les nouveaux bourreaux, qui finiront tous par être des victimes du temps. Pour les trois acolytes de Costello, c'est le temps suspendu qui leur sera fatal; dans une décharge d'ordures, une bataille (qui promettait d'être exceptionnelle et terriblement poétique tant elle semble éloignée de l'idée de mort, malgré les coups de feu, le sang et les cadavres) éclate et fait éclater le temps avec elle. Les actions sont ralenties, rien ne semble atteindre les personnages, véritables fantômes qui sont emportés au vent comme les papiers qui les entourent. On nous promettait une bataille, avec ses stratèges (George Fung, interprété par le grand Simon Yam, ici totalement fade) et ses soldats (Chu, Kwai, Lok et les autres) et nous n'assistons qu'à une fusillade... Le seul élément qui est poussé ici jusqu'à son terme est la cigarette: celle du condamné, filmée dans plusieurs plans peu avant la mort des trois tueurs engagés par Costello. Ils sourient, savent qu'ils vont mourir mais continuent le combat pour sauver leur honneur et leur âme. Comme un autre Costello (celui de Melville), ils ne perdent jamais, jamais vraiment... Il est donc compréhensible de voir Kwai sourire alors qu'il se fait tirer dessus: mort il sera, ensanglanté et humain il est, ce qui n'est pas le cas de son assassin, Fung, qui ne laissera qu'un imperméable troué sur Terre (alors que Kwai est léger comme l'oiseau qu'il contemple et qui est le seul élément à pouvoir quitter le champ, Fung est lourd comme la voiture qui l'amène à ses victimes). Le film s'élève alors vers une dimension spirituelle qui peut faire rire certains (en Mai dernier, dans une salle de cinéma, j'ai effectivemment entendu de nombreux rires durant la projection). L'eau qui recouvre presque totalement Costello est, davantage que celle qui purifiait la Marion Crane d'Hitchcock, rafraichissante en ce sens qu'elle permet à Costello de retrouver sa mémoire et ses proches durant quelques instants. Il les retrouve mais ne les voit curieusement pas. Sa fille l'embrasse et il ne réagit pas. C'est ici que cette séquence se montre beaucoup moins naïve que ne le sont les autres présentant des "revenants". Le vivant et le mort ne se côtoient pas, ils cohabitent simplement dans le même espace, celui excessivement éclairé par la pleine lune. Cette intelligence de jugement venant de Johnnie To démontre, s'il fallait encore le faire, à quel point son esprit est clairvoyant et éloigné de tout lyrisme idiot. To s'oppose à certains de ses contemporains comme Gallo, Garrel ou Audiard en présentant les morts comme un tout, indépendants de la pensée et du regard des vivants.
Ces morts sont terriblement indépendants, mais les vivants, eux, les deux principaux antagonistes de l'histoire, reliés par la Vengeance, sont englués dans une substance qu'il est difficile de définir. On pourrait dire que Costello est ralenti par sa soif de vengeance, qui devient de plus en plus absurde au fil de l'avancée de son amnésie (-You want revenge... Don't you remember this? -What is revenge?), alors que Fung est ralenti par sa naïveté à l'égard de ceux qu'il ne connaît pas (ses gardes, eux, sont encore plus bêtes que lui; plus qu'idiots, ils semblent atteints d'une atrophie cérébrale, ce sont des Golems). Il est ainsi dupé et piégé par de simples stickers qui, collés sur son imperméable, permettent à Costello de reconnaître celui qu'il poursuit. C'est alors une poursuite impitoyable qui s'engage dans les rues de Macau, entre deux personnages handicapés. Seuls les yeux et le cerveau de Costello lui permettront de trouver celui qu'il cherche désespérement. La célèbre maxime de Fritz Lang, Le médiateur entre le cerveau (de Costello) et les mains (qui tiennent le revolver) doit être le coeur (la motivation de la vengeance) trouve ici sa place... On est alors en droit de se demander pourquoi agir s'il n'y a aucune satisfaction personnelle. Ce profit s'envole, symbolisé par un sticker collé à un revolver. L'acte de tuer est ici désintéressé. Même pas gratuit, il est simplement un contrat honoré, commandité par la fille de Costello, Irène, probablement décédée à la suite de ses blessures. Le but du film est alors aussi sec que son titre: Vengeance.
Ce qui a sans doute dérouté bon nombre de spectateurs vient de cette fin (du film) qui en interroge une autre (le message du film). Pourquoi Costello rit-il? Est-il fou? Peut-être pas. Il a sans doute perdu sa mémoire, mais pas son envie de vivre. Il renaît, aux côtés des enfants qui semblent l'adopter. Son identité a toujours été floue, nous savions simplement qu'il était cuisinier, ancien tueur, et français. Une fois effacée, Costello peut entamer une nouvelle vie, sur cette parcelle de paradis où il semble avoir perdu toute notion de temps.

mardi 8 décembre 2009

Esthétisme de Jean-Luc Godard (1959-1966)

Une réalisation tardive
Jean-Luc Godard met du temps à réaliser des films...Il observe ses amis, Rivette (avec lequel il participe à la production de Paris nous appartient, film où il tient un petit rôle), Truffaut, Rohmer et Chabrol. Il est admiratif mais jaloux de Resnais qui, en 1958, devance les Jeunes Turcs avec un immense chef-d’œuvre, Hiroshima mon amour. A lui de créer l'événement, après un autre chef-d’œuvre, Les Quatre Cents Coups. Son premier long-métrage, A Bout de Souffle, est une véritable révolution dans la manière de traiter un récit...
Voici à présent quelques faits, tous indépendants les uns des autres, à propos de l'esthétisme des films de Jean-Luc Godard.
Rêve de fuite, fuite du rêve...
Dans À Bout de Souffle, Michel Poiccard recherche la liberté par la fuite. Mais il la trouve sans le savoir au tout début du film ; il vole une voiture à Marseille, tue un policier et cavale jusqu’à Paris. C’est cette cavale, dans l’espace utilisé pour celle-ci que se trouve sa liberté (cf. la scène où Poiccard court dans un champ, avec sa chemise blanche qui accentue un contraste avec le noir dominant du paysage).
Cette scène peut d’ailleurs être comparée à la séquence de la fuite d’Antoine dans Les 400 Coups ; Doinel s’échappe : il court vers le bord cadre droit alors que Poiccard fuit vers le bord cadre gauche… Cette opposition entre Godard et Truffaut trouve pourtant son point commun dans cette fuite, cette recherche de la liberté. En effet, Poiccard et Doinel cherchent la liberté sans jamais la trouver et pourtant, ils courent. La liberté se trouve justement dans la distance qu’ils parcourent et leur inconscience se révèlera être relativement fatale pour les deux personnages.
Le générique du Mépris
Le générique du Mépris rend doublement hommage à André Bazin. Il y a la fameuse citation : Le cinéma substitue à notre regard un monde qui s’accorde à nos désirs. Mais également l’utilisation du plan-séquence, reniée par Godard qui privilégiait le montage. Cet hommage au Cinéma en est aussi la définition même par opposition à la littérature : ici, pas de mots inscrits si ce n’est le titre, emprunté à…un livre. Godard a compris ce que incluait le mot Cinéma : l'image et le son. L’équipe technique du film est vue, alors qu'une voix-off (qui n'est pas celle de Godard) énumère les différents participants à ce chef-d’œuvre…Mais cette présentation orale n’est pas nouvelle car Guitry l’utilisait également pour ses films (pensez au Roman d’un tricheur par exemple).
Le Petit Soldat ou la synthèse esthétique des apports de la Nouvelle Vague
Les huit premières minutes du Petit Soldat résument ce que la Nouvelle Vague a apporté dans le paysage cinématographique français d’un point de vue esthétique.
1) Annonce du titre uniquement, pas de générique : L’œuvre, mademoiselle, pas les auteurs. Jean-Luc Godard dans Histoire(s) du Cinéma (1988-1999)
2) Mouvement de caméra rapide, panoramique filé, sorte de représentation de la liberté, de la jeunesse, d’un mouvement fougueux et enthousiaste.
3) Dialogues crus, réalistes, proximité avec les protagonistes, les moments de vie sont imprimés 24 fois par seconde (La photographie, c’est la vérité, et le Cinéma, c’est vingt-quatre fois la vérité par seconde. Michel Subor dans Le Petit Soldat (1960)) : Vous êtes chiante (…) Je te parie 50 dollars que tu auras envie de la baiser (…) Non ! Ca m’emmerde !
4) Voix off, qui témoigne d’un recul avec l’histoire. Quintessence du récit, le narrateur est en retrait, se démarque de la personne qu’il a pu être lors de l’histoire : J’étais alors très jeune et très con. Michel Subor dans Le Petit Soldat (1960)
5) Montage très approximatif, faux raccords, non respect de la loi des 180°. Volonté de ne pas faire de Cinéma mais de faire la Vie, au détriment de règles à respecter.
Bandes-annonces des longs-métrage de Jean-Luc Godard
Les bandes-annonces des films de Jean-Luc Godard sont presque toutes similaires ; elles annoncent les éléments principaux du film avec des noms communs sans ne rien dévoiler sur l’histoire. Lorsque l’on voit la bande-annonce après avoir vu le film, on a l’impression que tout est dévoilé et si quelqu’un voit la bande-annonce avant le film, il aura l’impression qu’on lui présente un long-métrage hétéroclite (par ailleurs, la bande-annonce de J'ai toujours rêvé d'être un gangster de Benchétrit utilise ce type de présentation).
Double énonciation de Masculin/féminin:
Dans Masculin/féminin de Jean-Luc Godard, l’avant dernière séquence du film est magnifique : c’est la plus belle double énonciation de l’Histoire du Cinéma.
De Janvier à Mars, je continuais à poser des questions pour le compte de l’Ifop.
Le personnage de Paul, joué par Jean-Pierre Léaud, s’exprime en voix-off…C’est également Godard qui expose ses idées. Remplaçons pour le compte de l’Ifop par pour le compte du Cinéma. Supprimons De Janvier à Mars
Suivent tout un tas de questions qui pourraient s’apparenter à des sujets, des problématiques de films, deux d’entre elles concernent Masculin/féminin : Pour ne pas avoir d’enfant, vous préférez avaler des pilules ou vous mettre un truc dans le sexe ?(…) Vous savez qu’il y a la guerre entre les Irakiens et les Kurdes ? Cette dernière question peut être rectifiée puisque dans le film, elle concerne le Vietnam…
Peu à peu, au cours de ces trois mois, je m’aperçus que toutes ces questions, souvent, loin de refléter une mentalité collective, la trahissait et la déformait.
La Qualité Française est ici très implicitement dénoncée… Les sujets choisis sont mauvais, et feignent d’être proche du public.
A mon manque d’objectivité, même inconscient, correspondait en effet la plupart du temps un inévitable défaut de sincérité chez ceux que j’interrogeais.
Le manque d’objectivité est celui de la Qualité Française, les films ne sont pas assez engagés. L’engagement était banni depuis 1945, date à laquelle s’est forgée une épaisse couche de silence. Si une « tête » dépassait cette couche, elle était immédiatement « décapitée »…C’est ainsi que Jacques Rivette est venu, avec deux boucliers, deux armes de défense : Les Cahiers du Cinéma et la jeunesse, laquelle a le droit légitime de renier ses parents, qui ont perdu toute crédibilité avec la Seconde Guerre Mondiale…

dimanche 6 décembre 2009

Un Prophète de Jacques Audiard


Naissance d’un caïd. Jamais un film n’avait pu être aussi bien résumé qu’avec cette phrase. Si l’on parle de naissance, c’est qu’il y a une enfance, un apprentissage, une adaptation au monde qui nous entoure. Malik, 19 ans, est condamné à l’emprisonnement jusqu’à ses 25 ans. Il ne sait ni lire, ni écrire. Tout l’intérêt de son incarcération consiste à changer un adjectif démonstratif en un adjectif possessif. Ces murs doivent devenir “ses” murs. Son seul rempart face à la violence est l’apprentissage de la lecture. Aussi, dès qu’il s’accroche avec des détenus musulmans, le voyant comme un “traître”, ce sont les livres qu’il porte sous son bras qui seront les victimes de cette querelle. Le sage cède sa place au fauve, bête féroce qui tente d’exister au milieu des autres. Au milieu. Ni dans un clan, ni dans l’autre. Lors de sa première sortie dans la cour, il n’est nulle part, tel Joe arrivant à San Miguel pour une poignée de dollars... Lorsque les Corses le recueillent, il ne pense qu’à apprendre pour tirer profit de cet apprentissage. Une fois inséré dans ce clan, il n’a d’yeux que pour le clan adverse, celui des musulmans. Le regard de Malik n’est pas corse, il est perdu dans de machiavéliques pensées. Quand le parrain César Luciani, son mentor, lui parle d’eux, il ne pense qu’à “tirer profit”. Encore. Alors que d’autres tentent de se hisser au-delà de ces murs avec une corde, lui tente de se hisser au-delà de ses compagnons avec un cerveau. Cette attitude est suspecte et restera incomprise. Lorsque Malik apprend le corse, il est pris pour un espion, lorsqu’il apprend à lire, il est pris pour un traître. Il faudra attendre le transfert de la majeure partie du clan corse pour que presque tous les regards accusateurs s’effacent. Deux personnes pousseront Malik jusqu’à ses derniers retranchements: son mentor, César, qui n’hésite pas à frapper pour intimider, pour corriger un jeune dont il n’est pas certain de la fiabilité, et Reyeb, sa première victime en cellule, qui lui prodigue conseils et réconfort en arabe...
Faire apparaître un fantôme dans un film que l’on dit réaliste n’est pas chose aisée. Néanmoins, tout le génie et l’intérêt du film viennent de là. Un prophète est un film sur la perception: ce que l’on voit, ce que l’on entend, ce que l’on sent. Dès le générique, les lettres ne sont pas claires, le fond noir semble dévorer les mots blancs. Notre oeil doit être vif, l’écran balayé par notre regard alerte. Les apparitions du fantôme de Reyeb sont donc dérangeantes mais pourtant apaisantes, car la perception ne vient pas de l’oeil mais de l’esprit. Au contraire de César, qui apparaît protecteur puis agressif lorsqu’il enfonce le dos d’une cuillère dans l’oeil de Malik. La perception vient alors des yeux, plus exactement d’un seul oeil, le seul à cerner le danger d’un fauve plus fort que lui. Si les yeux sont abîmés, les oreilles seront mises à contribution. Cela tombe bien, puisque dès que Malik aura ses permissions, il entendra des coups de feu. Le jeune prodige de prison doit désormais affronter la "vraie" vie, rattraper son retard et clore son apprentissage en participant à des échanges ou des assassinats... Le coup de génie de Malik, c'est sa traîtrise. Que ce soit en politique ou dans le banditisme, la traîtrise peut propulser quiconque aux sommets de la gloire et de la reconnaissance. Le jeune loup décide donc de prendre les devants et de ne pas assassiner le patron de César, contrairement à ce qui lui a été demandé. Il "sent" une opportunité, comme il a "senti" le chevreuil sur la route, ce qui lui a valu le surnom de "prophète". Plus qu'un prophète, il est un homme de son temps. Implacable et manipulateur. Audiard utilisera intelligemment le son durant la fusillade; par la subjectivité du personnage, le réalisateur permet à son public de comprendre sa réaction, le sourire qui se dessine sur son visage ensanglanté. L'audace de Malik et de son créateur se confondent, ils s'échappent tous deux de la fusillade, aucun son n'est entendu, l'intérêt est ailleurs. Malik sait qu'il est né, en tant que caïd (il redécouvre le son, la voix de celui qui veut le "tirer" de là, son visage, qui pourrait être durci par le sang qu'il fait couler, est au contraire ouvert). Le voyage initiatique du film rend compte d'une évidence: les jeunes loups ne peuvent supporter les vieux lions longtemps (Niels Arestrup, impérial, s'effondrant dans la cour), ils ont soif de pouvoir et de liberté, ce sont des affranchis solitaires (contrairement à ceux de Scorsese, qui créent une société analogue à celle dont ils réchappent) qui savent à qui s'attacher. Riyad, l'ami de Malik, jeune père et mort trop tôt, n'aura pas à s'inquiéter: son fils (qui grandit dans la vie en même temps que Malik en prison) et sa femme seront entre de bonnes mains (Malik caresse d'une main et dirige de l'autre, à l'image du plan final, d'une élégance et d'une précision exemplaires) pour l'avenir. Ces jeunes loups savent être fidèles, parfois.