Il y a plus d’un an, je décidai d’ouvrir un nouveau blog. Il fallait trouver une plateforme adéquate, un support personnel et formellement libéré. Il y eut pendant quelques mois une décélération du rythme d’écriture, une remise en cause personnelle. Le support informatique et virtuel est instable en ce sens qu’il permet à la fois une créativité et une liberté introuvables sur un support matériel, mais peut aussi rebuter quelqu’un à poursuivre son envie de partager ses écrits, ses photographies, ses vidéos, ses conseils, bref : sa production. Il fallait donc être capable de s’émanciper d’une plateforme trop marquée et simplifiée comme celle du précédent blog, et en même temps créer ses propres marques, ses propres règles, ses propres enjeux afin qu’ils véhiculent « l’objet-blog ».
Durant cette période de réflexion sur le devenir du support, il fallait bien écrire, trouver l’envie et les moyens de le faire. La projection d’Inglourious Basterds, film si fortement ancré dans le cinéma, par sa mise en abime mais aussi son sens du rythme, allait me permettre de retrouver le chemin de l’écriture, chemin déserté au profit du sentier du doute. Il fallait l’explosion d’un écran de cinéma pour que germe enfin l’envie, la motivation, et l’écrit qui allaient propulser la naissance du blog. C’est ainsi qu’il y a un an jour pour jour, le 7 Novembre 2009, Punctum Vertigo était créé, avec le bagage du passé, quelques articles choisis pour lester le sac qui allait s’enfoncer dans ce que l’on appelle la « blogosphère », et un nouveau, écrit pourtant en Août, le soir de la projection du film de Tarantino. Quelques mois étaient nécessaires pour trouver le support (la plateforme Blogger), le titre du site, « Punctum Vertigo » (association de mots qui, même si elle paraît obscure au premier venu, est parfaitement justifiée ; un dialogue avec un autre blogueur il y a peu m’en avait convaincu) et la confiance pour écrire à nouveau.
Il y eut ensuite des écrits, de plus en plus longs, de plus en plus développés et précis sur l’analyse de films qui méritent au moins une approche posée, sensible et rigoureuse. Le choc de Shutter Island, et la discussion qui a suivie avec une étudiante en cinéma me forçaient à reconnaître en ce film un aboutissement de Scorsese, mais aussi une porte ouverte au cinéma de demain. C’est d’ailleurs cet article qui fut remarqué par Robin Hunzinger, directeur de La Revue des Ressources, et qui me permit de partager par la suite mes écrits pour cette revue. Les médias sociaux ont en effet apporté de nouveaux horizons au site, et à moi-même. Ainsi, la création d’une « page fan » et d’un compte « Punctum Vertigo » sur Facebook aura permis de générer davantage de visites et de toucher de nouveaux lecteurs. Twitter aura quant à lui offert une visibilité accrue, la découverte de la dite « blogosphère » cinéphile, et la possibilité d’assister à des projections de presse. Les écrits sont alors différents, plus courts, immédiats, imprécis. Reste un exercice de style intéressant, où l’on s’éloigne du support filmique pour se rapprocher des souvenirs cinéphiles. La différence essentielle entre ces deux types d’écritures vient du rapport qu’entretient l’auteur du texte avec le film : dans un premier cas, il le contrôle (support DVD, possibilité de pauses, de retours en arrière), dans un autre, il s’y soumet (un seul temps et un seul lieu : une projection dans une salle de cinéma). Je découvris également un phénomène nouveau : celui de l’accompagnement du film. Les écrits doivent susciter l’envie, l’enthousiasme ou le rejet d’un film vu bien avant sa sortie en salles. La rencontre avec le réalisateur d’un film que l’on aime est une opportunité intéressante pour donner envie au spectateur, et lui faire partager notre enthousiasme. Attention cependant, ces projections de presse ne doivent pas détourner Punctum Vertigo de son sens premier : analyser les films de son choix, sans contrainte de temps, sans se soucier exclusivement des sorties en salles, et en n’oubliant pas la célèbre phrase de Fritz Lang, que l’on trouve à la fin de Métropolis et qui sert de maxime au blog : Le médiateur entre le cerveau et les mains doit être le cœur.
Une amie cinéphile me disait il y a quelques jours qu’elle souhaitait écrire un blog de cinéma, mais qu’elle avait peur d’être lue. Ce qui doit inquiéter l’auteur d’un texte en premier lieu, c’est sa propre lecture, son propre regard sur ses mots. Pourquoi écrire et publier ? Avant d’écrire pour les autres, j’écris pour moi, pour évoluer, faire grandir mon sens critique, aviver mon œil, connecter des séquences d’un même film ou de deux œuvres différentes, relier les idées et les mots, comprendre les images, donner des réponses à celles qui m’interrogent…
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