samedi 7 novembre 2009

L'Impératrice Yang Kwei-Fei de Kenji Mizoguchi

La différence essentielle entre Kurosawa et Mizoguchi, ou plutôt entre Les Sept Samouraï et L'Impératrice Yang Kwei-Fei réside dans la gestion du mouvement; chez Kurosawa, le mouvement se sent avec les nombreux travellings alors que le cadre ne montre que l'attente d'un mouvement des protagonistes, alors que chez Mizoguchi, les mouvements des protagonistes se traduisent par un montage très réservé et peu de mouvements de caméras...J'ai pris Les Sept Samouraïcomme exemple puisqu'il est un film historique, tout comme L'Impératrice Yang Kwei-fei, mais également japonais. Une autre différence entre ces deux films réside dans l'opposition entre valeurs et sentiments; Kurosawa montre dans ses films des valeurs,telles le courage, l'amitié ou la fidelité alors que Mizoguchi est le peintre des sentiments comme l'amour( qui peut également être considéré comme une valeur)...Certaines notions sont aussi présentes dans ce long-métrage; on trouve le souvenir, l'honneur, le respect, l'ambition...Aujourd'hui elles sont utilisées dans presque tous les films américains et ce, de manière grossière et très maladroite alors que chez Mizoguchi, une histoire se construit autour de personnages...Dans les films américains, c'est l'inverse; les personnages se révèlent au fur et à mesure du film, comme si le scénariste (si il y en a un...) découvre ses personnages en fonction des actions qu'il leur fera subir. La troisième différence entre Les Sept Samouraï et L'Impératrice Yang Kwei-Fei vient de l'esthétisme; le premier est en noir et blanc alors que le second est en couleur...Ô! Que de belles couleurs dans ce Mizoguchi, elles sont totalement maîtrisées...C'est un émerveillement de tous les instants; seul Bergman égalera cette beauté esthétique avec Cris et chuchotements en 1972. Le rouge de Mizoguchi (la tenue du général An Lu-Shan) peut être comparé à celui de Hitchcock avec Pas de printemps pour Marnie (cette encre rouge qui envahit le chemisier de Marnie) et aussi au rouge des chambres de Cris et chuchotements. L'histoire, en apparence très simple, est en réalité complexe mais les scénaristes Masashige Narusawa, Yoshikata Yoda, Matsutaro Kawaguchi et Ton Chin (l'union est ici exemplaire puisque homogène) ont certainement développés leurs personnages avant l'histoire...Cette leçon d'écriture, au final très simple, devrait être prise en compte par tous les scénaristes; cela donnerait lieu à de très nombreux films bien écrits (la réalisation, c'est une autre histoire!)...

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